La Ville de Besançon se mobilise en faveur des personnes sous décision judiciaire. Par l’intermédiaire de sa délégation culture, elle a lancé le 7 novembre 2023 en partenariat avec le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) du Doubs et la Direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse (DTPJJ) de Franche-Comté, un appel à projets à destination des associations de Besançon ou du Grand Besançon justifiant d’une expérience auprès des publics ciblés.
L’appel à projets vise à :
- défendre le droit fondamental des personnes placées sous-main de justice d’accéder à des programmations et à des activités artistiques et culturelles;
- permettre, grâce à une offre culturelle adaptée et de qualité, l’expression et la valorisation de soi et l’apprentissage de l’altérité ;
- contribuer par le développement culturel à la prévention de la récidive et de la radicalisation.
En concertation avec les partenaires réunis lors de la commission de sélection (SPIP, DTPJJ, Administration pénitentiaire), la Ville soutient sept projets portés par sept associations pour un montant total de 50 000 €. Elle a retenu les projets qui répondent le mieux aux priorités remontées du terrain, qui tiennent compte de la spécificité et des contraintes des milieux d’intervention et qui soutiennent l’emploi artistique et culturel. Ces projets se dérouleront sur deux ans à partir d’avril 2024.
Les projets sélectionnés
La compagnie, portée par la metteure en scène Jeanne Poitevin, propose des ateliers réguliers en détention pour créer une œuvre collective à partir d’un texte fondateur, Œdipe de Sophocle, la parole des participants et les outils du théâtre. Les violences, détresses, tensions exprimées se superposeront à des temps de recherche poétique, philosophique et littéraire afin de révéler l’intelligence et l’utilité citoyenne en chacun.
Par des ateliers de pratique théâtrale et philosophique, le metteur en scène Jean-Charles Thomas et l’enseignante de philosophie Laurence Chaignot proposent aux détenus de prendre du recul avec les personnages sociaux qu’ils jouent habituellement et de questionner certains automatismes pour être en capacité de les remettre en mouvement, d’explorer d’autres pistes, de retrouver des marges de manœuvres et de liberté. Le travail réalisé pourra faire l’objet d’une captation confiée à un documentariste.
L’intervenante Ornella Coronati développe le théâtre d’improvisation auprès des mineurs et leur fait vivre une pluralité de situations qu’implique la vie en société afin de les inciter à employer leurs propres capacités.
Accompagnés par les vidéastes Alexis Amiotte et Bertrand Vinsu, plusieurs groupes de détenus sont formés à la production vidéo, de l’écriture au montage. L’appropriation du médium audiovisuel permet aux participants de partager des pensées, des émotions ou des expériences de façon sincère et authentique.
Le projet « La voix des cellules » propose de jeter un pont, grâces aux ondes radios, entre le dedans et le dehors, vu comme le passage de l’intérieur de la prison vers le monde extérieur, mais aussi comme le passage de l’intime de la relation à soi à l’expression de la relation aux autres. Les détenus réaliseront cinq émissions accompagnés par Chloé Truchon, Aurélien Bertini ou Olivier Toulemonde, experts dans les domaines de la radio, l’animation, la création sonore et la régie.
Le projet porté par les trois artistes muralistes Nelio (Lionel Rigoulot), Mujo (Felix Lafay), et Small (Vincent Jacquin) vise la réalisation d’une fresque murale collaborative. Le programme se déploie sur trois séquences en petits groupes, favorisant une diversité d’approches et une richesse visuelle évolutive. Le résultat représentera également une manifestation de résilience au sein de l’institution carcérale.